La sixième femme à entrer au Panthéon est exemplaire. Généreuse, courageuse, une "role model" pour toutes et tous. Son entrée au Panthéon est un symbole fort, appelé à perdurer.
crédit : Nathalie Jacob, dont la promotion du tour extérieur administrateurs civils à l’ENA a choisi de prendre le nom de Joséphine Baker
« Vous entrez dans notre Panthéon parce que vous avez aimé la France, parce que vous lui avez montré un chemin qui était le sien véritable mais dont elle doutait pourtant. Vous entrez dans notre Panthéon parce que, née américaine, il n’y a pas plus française que vous. » Le Président de la République Emmanuel Macron a rendu hommage à Joséphine Baker le jour de son entrée au Panthéon, le 30 novembre 2021. Mais surtout, Joséphine Baker fait honneur à la France. Ses actions en font une Grande Femme. Elle rentre au Panthéon, dont la devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » mériterait d’être revisitée.
Née en 1906 à Saint-Louis dans le Missouri, Joséphine Baker traverse l’Atlantique, quittant une Amérique ségrégationniste. Elle fait ce fameux numéro au Théâtre des Champs Elysées, l’une de mes salles de spectacle préférées, un soir d’octobre 1925. Sa danse est pleine d’humour, pour faire contrepoids aux stéréotypes raciaux. Avec le succès, elle monte son propre cabaret. En 1930, elle chante « J’ai deux amours » au casino de Paris. Un triomphe.
crédit : Nathalie Jacob
Militante et combattante
Naturalisée française le 30 novembre 1937, il y a 84 ans, elle milite à la Ligue Internationale contre l’Antisémitisme à partir de 1938. Cette même année, elle a le coup de cœur pour le château des Milandes qu’elle commence par louer. Il devient un haut lieu de la résistance au début de la Seconde Guerre Mondiale et les Forces françaises Libres. Elle s’engage et devient officier de l’armée de l’air française. Ses actions lui valurent la médaille de la Résistance.
Une phrase m’a marquée lors du discours d’Emmanuel Macron lors de son entrée au Panthéon : « l’insigne qu’elle préférera entre tous, une petite croix de Lorraine en or reçue des mains-même du Général de Gaulle en 1943 et qu’elle finit pourtant par vendre pour reverser l’argent aux œuvres de la Résistance. »
Cela la définit : lutter pour faire le bien pour les autres, avant de penser à soi. Quel exemple dans notre société du XXIe siècle individualiste !
Généreuse et aimante
Elle était de tous les combats, généreuse, aimante. Elle était, dans son uniforme d’officier de l’armée de l’air française, aux côté de Martin Luther King, lors de la marche sur Washington, en 1963. Elle a adopté 12 enfants qu’elle élève au château des Milandes : Akio, Brian, Jari, Jean-Claude, Koffi, Luis, Marianne, Moïse, Noël, Stellina, Tara et Teruya. Issus de plusieurs pays à travers le monde (Algérie, Colombie, Côté d’Ivoire, Finlande, France, Japon, Maroc), ils font partie d’une famille universelle.
C’est un signal fort pour l’universalisme. L’unité du genre humain, quelle que soit l’origine sociale, ethnique, le genre, est un idéal que nous pouvons poursuivre et faire progresser.
Pourtant, on apprend au château des Milandes, cœur d’un complexe touristique qu’elle développe dans les années 1950, que certains Français ne lui rendent pas bien son amour de la France : de nombreux artisans lui font payer plusieurs fois les mêmes factures, modifient des devis à son insu. Ils contribuent à son endettement. Elle sera obligée vendre le château des Milandes au dixième de sa valeur. Sur une photo exposée au château, les regards de travers de certaines femmes, lorsqu’elle se rend à une fête locale avec ses enfants, nous rappellent que son message de fraternité universelle se heurte à la xénophobie.
Elle chantait : « Malgré les soucis, malgré les ennuis, sourire, toujours sourire !!! ». Madame, vous êtes dans la mémoire de la France et dans le cœur des Françaises et des Français. Nous ne vous oublierons jamais.
Christine Calais
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